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Les chroniques de Marie & Noémie
6 janvier 2008

Vous prendrez bien une petite escapade ?

Avant que le format .mp3 et son fameux lecteur ne deviennent des indispensables de notre quotidien, et que Carla Bruni se rende à l'Elysée afin de discuter piratage sur Internet (Nicolas devrait penser à un petit geste pour remercier ces terrifiants pirates finalement!), il y avait les CDs. Ces Disques Compacts étaient le support par défaut pour quiconque souhaitait distraire ses oreilles par de douces mélodies.

Un jour, je devais avoir onze ans, mon père eu une illumination au rayon multimédia de Continent (ancienne enseigne rachetée depuis par l'actuel Carrefour) et saisit sur un coup de tête un double album compilation intitulé "Âme slave". Une fois de retour à la maison, c'est un pain au chocolat dans les mains que je découvrais, pour la toute première fois, la "Grande Musique" entre un morceau des choeurs de l'armée rouge et un chant tzigane. Il s'agissait de la piste huit du CD 1, grandiose, et qui fut une révélation ; celle de mon amour pour la musique, fébrile de transe et paradoxalement si fort et inusable. Son nom résonne doucement dans mon esprit, « La Moldau », de Smetana.

Venons-en au fait et tentez de céder à la corruption, non des billets roses, mais de ma déclaration à la Moldau... Vous aussi allez peut-être faillir à son charme imposant.

Bedrich Smetana, grand patriote (vous verrez rarement ces deux termes juxtaposés de ma plume) tchèque, eu dans les années 1870 la brillante inspiration pour composer un ensemble de six musiques en l'honneur de sa Bohême, qu'il appellera Mà Vlast, soit « Ma Patrie ». Dois-je rappeler qu'on a rarement vu oeuvre plus émouvante que l'attachement des artistes à leur terre (« Le plat pays » de Brel, « Ma France » de Ferrat, « Les corons » de Bachelet). Comme il m'est difficile de poser des mots transposant avec réalisme la beauté de paysages, et comme j'admire par conséquent le talent de cet homme à faire parler avec autant d'éclat les portées de ses partitions. Le second titre de ce cycle donc, est celui de la Moldau. Ce poème symphonique décrit le cheminement du cours d'eau éponyme. Cette rivière, "Vltava" en langue tchèque, traverse le pays et est partie intégrante de la culture de ses habitants. Chaque temps fort du poème d'un peu plus de douze minutes retrace ainsi chaque étape, de la naissance à la jetée dans le fleuve de l'Elbe, de cette eau si chère au peuple de Bohême. Prêts pour l'excursion ? Il n'y a plus qu'à se laisser porter.

(Si vous ne vous sentez pas apte à distinguer les instruments sans doute est il judicieux d'écouter et de faire la lecture de ce qui va suivre avec un chronomètre.)

Premiers instants ; la flûte représente le ruisseau qui jaillit au creux d'une roche, dans la forêt de Sumava. Nous sommes à la source de la Vltava et les quelques pincements d'instrument à corde nous permettent d'imaginer les gouttes qui tombent une à une.

0:27 ; Une clarinette, ou plutôt un second ruisseau, afflue, rejoint notre eau fraîche et limpide qui continue de s'écouler doucement sur la colline.

Ruisseau de la Moldau dans Sumava

1:00 ; Nous entendons pour la première fois le thème principal et récurrent du morceau, aux violons, car le ruisseau s'est élargi et est devenu rivière dansante, la musique fait des vagues.

3:00 ; Des cors de chasseurs surgissent, la Vltava serpente sous les feuillages épais d'une grande et dense forêt, on imagine très bien les chiens courir, l'eau se faufiler.

Chasse à courre autour de la Vltava

3:45 ; Nous sortons de la pénombre de la forêt...

4:00 ; ...qui laisse place à une plaine infinie, des sons de Polka (danse traditionnelle) se font entendre, notre rivière longe maintenant la célébration de noces en campagnes, les invités dansent dans la prairie aménagée tout spécialement pour le mariage.

5:10 ; Nous continuons de voguer, les musiciens et villageois s'éloignent, la paisibilité revient.

5:40 ; La nuit est tombée. Des nymphes apparaissent, comme une douce mélodie de légers violons, elles dansent ces ondines, elles virevoltent ces fées des eaux, célèbres dans les mythes populaires de Tchéquie. Le clair de lune scintille sur les vaguelettes de flûtes et de clarinettes. L'enchantement fait aussi partie du pays.

7:47 ; Mais les cuivres jouent le lever progressif du soleil.

8:40 ; Le cours d'eau se réveille avec à nouveau le thème principal.

9:30 ; Connaissez vous les rapides de St-Jean ? Nous y arrivons. L'eau tourbillonne au sein des gorges impressionnantes, l'écume du courant vient se fracasser sur les rochers, la Moldau s'affole, comme ces notes stridentes et ces coups de timbales cinglants!

10:35 ; Ouf, nous sortons de cet enfer délicieux.

10:40 ; Et voilà la Vltava, triomphante plus que jamais, debout et droite, les violons la célèbrent avec un thème principal majestueux, somptueux, et notre désormais fleuve passe au pied de Prague la capitale, au pied de son château et de sa cathédrale, digne et fière!

Prague surplombe la Vltava

12:05 ; nous sortons de la ville peu à peu, et c'est en tranquillité que la Moldau se jette enfin, paisible, dans l'Elbe avec deux accords tonitruants concluant ce chef d'oeuvre.

Le voyage vous-a-t-il plu ? J'attends vos réactions.

Marie.

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Commentaires
J
je n'avai jamais écouté une musique sous cette angle ... magnifique !
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